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   cactus   

 

Chapitre 1

 

 

Monsieur de Jarjayes tirait fierté de bien des choses en ce bas-monde.

Une femme charmante, car absente la plupart du temps ; des richesses qu’il convenait de qualifier d’honorables ; un nom exempt de tout scandale ou consanguinité ; des domaines enfin, tant à Arras qu’à Versailles illustrant une sereine splendeur acquise davantage sur les champs de bataille que dans l’antichambre des rois.

Oui, tant de qualités dont le militaire n’hésitait jamais à chanter louange à qui voulait l’entendre.

 

Mais en ce timide matin de mars 1776, la plus grande des vertus - dont il bénirait longtemps encore la fortune - fut sans nul doute d’avoir le genou d’une admirable souplesse : malgré ses bientôt cinquante-trois ans, le militaire évita avec maestria un vase venant à sa rencontre.

 

- Reprenez-vous ! tonna le Général, d’une voix qu’il espérait un parfait raccourci entre l’épopée sanglante et la barbarie antique. Pour surtout masquer le sursaut d’orgueil qui à chaque fois le secouait lorsqu’il se devait d’affronter son alter ego.

En plus jeune.

 

Ce vase lancé avait vingt ans. Et le tempérament, mille, plus même, trempé dans les flammes ancestrales de la création du monde, façonné sans doute par la propre main de Dieu un jour de colère ou de franche inconscience ; après tout le Seigneur avait droit à sa part d’humanité de temps en temps : Eve était là, et le Général n’était pas peu fier de l’avoir, lui, engendrée même s’il avait l’audace d’appeler cet être “mon fils” quand d’autres jeunes mâles rêvaient d’en recevoir tous les vases imaginables.

Si Monsieur de Jarjayes savait donner de la voix pour masquer ses sentiments il n’en était pas aveugle, ni stupide.

Cette fougue, cette beauté particulière ne pouvait laisser insensible le présomptueux s’accommodant des caractères infernaux....

 

- VOUS, Père, comment osez-vous ! Me soumettre à ce… cette… infamie ! Ce déshonneur ! Cette…cette…cette horreur, cette ignominie !

 

…et d’une propension à l’insubordination caractérisée.

Le militaire s’avança de toute sa hiérarchie, dans l’espoir jamais déçu qu’on ne lui cède une once de terrain.

 

- Je devrais vous donner le fouet pour de telles insolences !

- Allez-y !

- Ne bravez pas ma patience: si je consens à oublier votre geste c’est que des intérêts supérieurs aux nôtres sont en jeu, et qui pèsent bien moins que vos stupides enfantillages !

 

Le point sensible était trouvé, il y appuya sans vergogne.

- Ne serez-vous donc qu’un éternel gamin de lait, une moitié de militaire et un moins qu’homme ? poursuivit-il de sa voix de sémaphore. Perdant vos nerfs comme les vieilles femelles que vous prétendez haïr ! Plût au ciel qu’il n’y eut d’autres témoins que moi et votre conscience pour vous épargner la honte de vous rabaisser ainsi à ce rang méprisable !

- …auquel joyeusement vous me reléguez, au nom du Roi qui plus est pour rajouter au sordide !

- Taisez-vous ! Dans peu de temps vous blasphémerez et c’est le bâton que je devrais vous administrer. Au lieu de vous emporter de manière si grotesque vous auriez dû écouter plus attentivement : la Reine, fils indigne, c’est de la Reine que vient l’exigence dégradante !

- Ha, « dégradante », vous l’avouez vous-même ! Le voilà donc le rôle promis : la déchéance !

 

Le général se mordit les lèvres. Son fils était bien une femme, décidément.

 

Se débrouillant pour avoir toujours raison et lui donner le plus mauvais rôle, depuis qu’elle avait dix-sept ans cela s’avérait être une routine des plus agaçantes. Il n’y comprenait rien, auparavant son autorité ne lui aurait jamais fait défaut. Il n’aurait pas faibli, comme à présent.

Parce que même s’il n’en montrait rien, un regard sur elle et il fondait.

Lorsqu’il s’était rendu compte qu’enfin elle était devenue ce fils qu’il désirait tant, à tous points de vue. De moral autant que de mental. De geste. Et d’attitudes. Illustrant la rudesse, l’injure brillante et le verbe carré jour après jour, rabrouant la sensiblerie, les afféteries et le sentimentalisme, trempant ses muscles fins au métal des coups de poings de taverne, échevelée à se rendre indomptable à tout ce qui n’était pas la masculinité.

 

Un vrai Jarjayes, le plus authentique peut-être de cette lignée foisonnante dont il oubliait parfois les noms.

Et cette créature parfaite, la plus pure et solide qui fut jamais sur cette terre il se devait de la détruire de sa propre main ! Un ordre, royal, certes…Ah malepeste soit de l’obéissance ! Et de l’honneur, et de…

 

- Je n’obéirais pas, Père ! Cette fois je dis non, je…

 

La gifle claqua sans que l’un l’autre n’y prennent vraiment garde. Même leurs disputes devenaient une sorte de rituel, s’attachant à ce que rien jamais ne dérogeât l’ordre établi. Insoumis, au fond si conservateurs…

Ce fils frondeur vacilla mais ne céda pas, les yeux bleus se firent juste un peu plus luisants et ombrageux. Agacé de s’être encore une fois montré faible, le général choisit d’aller contempler mains derrière le dos le parc, par-delà une des portes-fenêtres du domaine Jarjayes…tout en surveillant comme il se doit chaque réaction du coin de l’œil.

 

- Que vous soyez ridicule, passe encore mon fils. Mais...lâche ! Pensez-vous être libre d’agir comme un chien fou selon vos bons vouloirs ? Nos vies ne nous appartiennent pas, sachez-le ! En effet, vous allez obéir, et j…

- Mais Père, c’est immonde !

 

Le militaire se retourna d’un bloc.

 

- Et alors ! Qu’importe que cela soit ce que vous dites, vous n’avez aucun choix. Et j’ai même bien des bontés à vous mettre dans la confidence alors que la Reine vous fait audience demain seulement. Si vous tenez à le savoir j’ai été aussi choqué et révulsé que vous à l’idée que vous dussiez…

 

Il crispa le poing, bouillant de casser quelque chose à son tour.

Voilà bien un privilège de la jeunesse ! Un homme mûr ne s’attaque plus aux vases, voilà la vie, il en aurait volontiers craché au sol comme un domestique.

 

- …et dire qu’il va falloir mettre André dans la confidence, soupira t-il d’une légitime exaspération.

 

Le rugissement en réponse prouva que la bataille était loin d’être terminée

 

- QUOI ? Prévenir André ?! Jamais ! Autant me donner un coupe-papier et mourir en homme d’honneur, ici, à même votre bureau !

- Mon fils ! Ne dites pas n’importe quoi je vous prie ! Vous savez fort bien que je ne pourrais m’occuper cette fois de cette affaire, il nous faut l’aide d’And…

- Jamais vous dis-je ! Si je consens à me plier et m’avilir au plus abject des ordres qu’un soldat de la Garde ait eu à affronter, si André se trouve de près ou de loin mêlé à tout ceci je…je jure solennellement de me donner la mort ! Et lui avec : il va être capable d’en rire jusqu’au tombeau et au-delà s’il apprend que…

- Que vous êtes donc naïf, renifla le général. Il est déjà au courant voyons.

- Vous…vous lui avez dit ? Père !

- Cessez de crier ainsi, Monsieur ! Je n’aime guère votre effronterie, bien que la situation vous donne quelque excuse. Non je n’ai rien dit à André car c’est inutile : il doit être en ce moment même derrière la porte occupé à ne rien perdre de cette édifiante conversation.

- Vous n’avez pas le droit d’insulter André, je…je vous défends de penser qu’il puisse faire une chose si mesquine ! André est le plus fidèle ami, le plus franc, le plus vaillant, le plus…

 

Le général venu à pas de loup ouvrit brusquement le battant en grand, pour voir manquer s’affaler  un jeune homme brun de tout son long.

 

- Vous disiez, cher fils ? grimaça aimablement le militaire. Oh mais quelle surprise, entrez donc mon garçon. La place est heureuse à nous y rencontrer n’est-ce pas ? Et bien que faites-vous dites-moi : vous repeignez le château, sans doute ?

 

L’interpellé n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que déjà un coup de poing volait en sa direction. Dieu merci il était d’une souplesse inouïe lui aussi, mais sa prestance lui donnait des circonstances atténuantes.

Aucun mérite, il était jeune et svelte, lui.

 

- Oscar, attends, protesta le jeune homme, je vais t’expliquer, je…

- Ne bouge pas comme ça, que je t’assomme ! Ventrecul tu vas me le payer !

 

Le général observa la meute que constituait à lui seul ce fils bien étrange. Et unique. Comment faire…Il savait pertinemment qu’André ne pourrait rien cette fois.

L’enjeu les dépassait tous, à dire vrai. Comment s’y prendre ? Soudain le gouffre se fit béant : leur nom allait finir dans la boue des fossés.

Voilà ce qui allait clôturer la superbe lignée des Jarjayes si patiemment construite au fil des siècles : un amas nauséabond.

 

- AH, MALEPESTE, CELA NE SE PASSERA PAS COMME CA !

 

André eut la vie sauve par la manne de cette voix d’apocalypse.

A moitié étranglé sous un poing prêt à s’abattre enfin sur sa mâchoire, il roula des yeux reconnaissants sur la haute silhouette du Générale de Jarjayes qui en vérité n’en avait strictement rien à faire qu’il puisse mourir dans les pires souffrances, perdu qu’il était dans la plus impressionnante des révoltes.

 

- Mon fils, vous tuerez qui vous voudrez plus tard mais à présent, il faut agir !

 

Une belle et bonne phrase de stratège, qui laissa dans le flou absolument tout le monde. « Agir » prit des allures de sentence, de menace, d’un je-ne-sais-quoi de catastrophe annoncée qui ne put qu’émouvoir le fils indompté.

 

- JAMAIS ! Plutôt mourir ! repartit ce dernier.

- Os-car…c’est…c’est moi qui suis en train de…crever…articula André, éperdu.

- Oh toi, si tu te plains encore, je t’étrangle !

- Oui, et bien, pour tout…te dire, précisément c’est…ce que tu fais…je…

- Mon garçon, se mêla le Général,  relevez-vous, ou agonisez. Mais ne restez pas planté là, vous ne nous êtes d’aucune utilité pour l’instant.

 

Le style Jarjayes à l’état pur. La mauvaise foi, le panache, l’emportement héroïque pourvu qu’il serve de bouc émissaire, lui, André. Le jeune homme brun se sentit fatigué, soudain, très peu par manque d’oxygène et beaucoup à se trouver encore et toujours pris au piège des passions débridées de ces grands « hommes ». N’étaient son dévouement et sa douceur naturelle, qu’il aurait demandé ses gages sur l’heure. Ou bien devait-il négocier une prime de risque…cela se faisait, il avait entendu parler de la chose dans certains milieux avisés.

Les hommes maniant la poudre avait une solde plus conséquente…Et être au service d’Oscar de Jarjayes était pire, infiniment pire.

 

 Eminemment plus dangereux. Et sournois. Car on savait toujours d’où venait le danger (ou plutôt pourquoi), mais jamais comment. Avec une constante pour lui : la mort par asphyxie. Oh, il y avait des variantes bien sûr : tantôt un gros rustaud empli de vinasse vous tombant dessus dans une rue pouilleuse. Des poutres sciées artistiquement destinées à tuer Oscar. Un cheval fourbu de fatigue pour cause de poursuites échevelées au mécréant. Des louches de cuisine aussi, parfois. Des reproches, des hallebardes, des courtisans malveillants, des crachoirs de taverne, tout un chapelet de matière diverse en somme qui régulièrement s’abattait sur votre destinée telle une horde de mouches vertes sur un tas de composte.

Même le plus vaillant des hommes aurait éprouvé comme un soupçon de lassitude, assurément.

 

A ce constat navrant se le disputait pourtant une dévorante curiosité, définitivement mise à mal par la ruse du Général : la porte s’était ouverte décidément trop tôt le plongeant conjointement sur le tapis et d’insoutenables interrogations. Il était censé être porté au sacrifice, mais ce ne serait pas sans avoir quelque compensation puisqu’ « on » protégeait un secret terrible...

Terrible de ridicule même, à ce qu’il avait crut entendre.

Ce qui promettait quelques belles heures ma foi, les occasions de rire se faisaient rares.

Il y laisserait bras et jambes, peu importe, il fallait qu’il sache…

 

- André, je te somme de sortir ! hurlait justement Oscar.

 

Intelligence, doigté, il n’en manquait pas. Charme, auraient dit certaines filles d’office, mais il choisit de ne pas miser exagérément sur ce dernier potentiel devant la mine congestionnée de son amie. Un sourire de travers, et c’en serait bel et bien fait de lui.

 

- Mais…voyons Oscar, je ne voulais pas t’offenser, j’étais là à seule fin de te porter secours : quand j’ai entendu ce raffut épouvantable j’ai cru que…

- Infâme menteur ! Tu m’espionnais, prêt à ricaner de ce que tu as appris !

- Co…comment ?

 

Flûte ! Voilà qu’il était arrivé trop tard, peste soient de ses scrupules ! Un semblant de honte l’avait maintenu à une distance raisonnable de la porte, c’est-à-dire l’oreille à peine collée. Maudites portes en chêne, aussi…Au premier cri il était passé à la serrure et apparemment, le plus important lui avait échappé.

Il se devait d’être d’une habileté fracassante, pas d’autre choix.

 

- Mais non…Je ne peux rire d’une si affreuse nouvelle voyons, Oscar, je suis ton ami…

 

La bordée d’injures se tarit sous le choc de la révélation.

 

- Alors tu sais ? Vraiment ? Et tu ne ris pas ?!

- Bien sûr que non. Comment oserais-je ? C’est horrible, tellement terrifiant...

- Absolument ! Et ...comment ça, terrifiant ? Que veux-tu dire par là, explique-toi !

- Eh...eh bien, cela tombe sous le sens, non? Ce...cette infamie...

 

Perdu, André répétait les maigres informations qu’il avait capté, autant dire rien, ou presque. Peu de choses en tout cas et le jeune homme nageait allègrement en plein brouillard, assis sur des charbons ardents. La curiosité était à son comble. Son imagination fonctionnait à tout allure mais pour cause de strangulation récente, elle n’arrivait à aucun résultat satisfaisant. Les grandes phrases se devaient d’aller prendre un peu l’air, il envoya le tout en bouquet.

 

- Je comprends Ô combien ta colère, Oscar, et si le Général de Jarjayes le permet, je t’aiderai dans cette épreuve, je serai constamment à tes côtés, fidèle, et discret, je...

- Quoi ?!!

   

Atterré le jeune homme vit s’empourprer de plus belle ce visage à la peau naturellement évanescente, ne lui disant rien qui vaille sur son existence immédiate. Il avait peut-être été trop loin dans la périphrase...il est vrai que tout ceci sonnait tellement creux qu’on y tombait tête la première. D’habitude ses grandiloquentes modesties fonctionnaient à merveille. Dommage, il commençait à peine à s’échauffer...

Mais qu’est-ce que tout cela à la fin ! Quelle nouvelle si affreuse avait donc transmis l’auguste géniteur, au point que ce dernier en perdait presque toute contenance à son tour ! Pourquoi, mais pourquoi rien n’était jamais simple chez les Jarjayes...

De secrets, la demeure n’en manquait pourtant pas, dont le tout premier concernait directement Oscar bien sûr : travestie pour entrer au service du Roi comme Capitaine de la Garde, voilà bien la folie des militaires quand Dieu s’obstine à ne pas leur donner de fils ! Le blasphème permanent, il avait appris à le taire, lui, André, à en devenir le garant au mépris de la plus élémentaire raison. Contrecarrer la Nature...Elle s’était bien vengée en convoquant tous les éclairs et typhons imaginables pour en façonner la bravoure.

Ce qui d’ailleurs n’était pas pour le tranquilliser : suffisamment aguerrie face à l’impitoyable destin que lui imposait son père, il n’était pas vain de prétendre que la jeune fille n’avait peur de rien. Ce masque outragé, il ne lui avait jamais vu. Jamais elle ne discutait un ordre de Ses Majestés, jamais. Que diable pouvait-on proposer à un militaire qui constituât une “déchéance” ? Une mutation, peut-être...

 

Avec effroi André songea à la promesse lancée inconsidérément. Hé ! Tout doux ! Il n’était pas prêt, lui, à quitter le nid douillet des tartines beurrées et des chocolats chauds de Grand-Mère !

Il n’avait aucune envie d’aller se traîner dans des ornières pleines de neige, dans des pays de gueux, où l’on se pèlerait de froid rien qu’en ouvrant les yeux le matin. Suivre Oscar corps et âme ? Certes, mais en dessous de 10 degrés l’abnégation se les gelait dru, voilà, pas question d’aller jouer les ours de banquises entre deux rondins.

 

Et puis tout de même...ce n’était pas un écart de température qui pouvait donner une telle fièvre à son amie, enfin. Alors quoi !

 

- Aider mon fils...pourquoi pas, après tout, au point où nous en sommes...marmonna le Général.

 

Le sévère militaire vint brusquement au-devant d’André, le toisa, malgré la haute taille du jeune homme ; le soupesa, l’estima, le renifla, eut un tic au coin de l’oeil et releva ses sourcils, vrilla son regard dans la placidité d’un océan de verte innocence.

 

- Savez-vous jouer aux échecs, mon garçon ? Lança t-il enfin comme on déclare une guerre.

- Heu...oui...

 

La prudence souffla à André de répondre “oui” à tout.

 

- Je veux dire: VRAIMENT jouer !

- J...que voulez-vous dire ?

- J’entends par là différencier le jeu de dames des échecs, et ne pas confondre le jeu vulgaire des bouges avec le noble Art pratiqué par l’élite intellectuelle; en ne pouffant pas, par exemple, lorsqu’on vous dit de “roquer” !

 

André pouffa bêtement.

- Plaît-il ?

- Et le langage des mouches, les connaissez-vous ?

 

Il devenait fou ma parole ! Espérait-on qu’il parlât aux cancrelats à présent ? Les insectes s’exprimaient, voilà donc autre chose...Aussi loin qu’il se souvenait jamais aucune mouche n’avait hurlé “grâce” quand il les exterminait, à la Cour quantité de langues étranges circulaient dans les salons des courtisans mais en aucune façon il n’avait eu vent de discussions entre grenouilles et punaises de jardins. Les mouches parlaient, ah vraiment !

Personne ne lui disait jamais rien.

 

- Et savez-vous comment décide t-on de la hauteur d’un talon de brodequin, où acheter une ombrelle d’après-midi, qui est Alastor Farworth et pourquoi le café du Commerce est-il célèbre ?

- Hum...ou...i, pour...pour son café ? susurra André en un sourire empli d’angélisme.

 

Le Général reprit ses tours de ronde parmi les arabesques du tapis.

 

- Et voilà ! Grandiose ! Magnifique ! La lignée des Jarjayes, envolée, balayée, anéantie ! Qu’avons-nous d’autre choix maintenant que d’accepter notre défaite et l’effroyable mépris des ministres de Sa Majesté, dès demain où la rumeur se répandra sur vous, mon fils !

 

Oscar était devenue très pâle, les mâchoires légèrement saillantes, tendue à se rompre.

 

Que voulait dire ce galimatias, en quoi cela pouvait-il aider l’honneur des Jarjayes de connaître les insanités proférées par le Général. La folie soufflait sur la demeure, et il ne fallait pas s’en étonner. Ainsi songeait André Grandier.

 

Mais qu’était-ce que ce secret, bon sang !

De plus, Oscar précisément le regardait d’un air plutôt suspicieux, guettant peut-être la plus petite amorce d’hilarité prévue.

André ne voyait pas comment rire de tout ceci, non, bien que l’image fugace d’une Oscar discutant face à une tablée de mouches l’incitait à sourire. Il la regarda s’approcher.

 

- Mais dis-moi, mon petit André...je peux savoir ce que tu as exactement entendu, de là où tu étais...

- Et bien...et bien tout, je te l’ai dit !

- Ah oui...tout comme quoi par exemple ? Qu’a dit mon père, je t’écoute !

- Et bien...que...l’importance de la tâche qui t’incombait était d’une...

- QUELLE tâche !

- C...c’est-à dire, la...le...

- Oui ?! Alors ?

- La...les...

- Effroyable faquin !! aboya Oscar. Tu vas me le payer avec tes “je resterai toujours près de toi” et ton air innocent, vaurien, pécore ! Tu ne sais rien, rien du tout, tout cela pour mieux rire de moi hein, avoue-le !

 

Il aurait bien voulu...Evidemment sa gentillesse innée le lui interdisait, de rire ; mais décidément, ce secret commençait à furieusement l’intéresser...

 

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