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Chapitre 5

 

 

 

Se laisser aller.
En arrière, sur le dos de préférence, apaiser toute tension.
Les muscles lâches et souples. Sourire béatement, puis juste un soupir.
 

 

En un mot, dormir.

Oscar écrasa avec rage un poing sur le drap, repoussa le tout à la volée et continua ce qu’elle faisait de mieux depuis plus d’une heure: marcher de long en large dans ce cube stupide qu’était sa chambre pour un soir. Dormir, voilà bien un exercice facile !
Et incapable d’en enchaîner les mouvements.
L’auberge n’était pas fameuse, mais propre ; la cuisine presque savoureuse.
On ne commençait pas si mal, après tout.
Et c’était horrible, pourtant ! Ignoble, ah certes oui !
La jeune fille aurait volontiers cassé quelque chose, mais elle n’était pas chez elle. Une ventrée des bibelots les plus affreux du château, voilà ce qu’elle aurait dû amener.
Mais…bonne éducation. Très bien. Doigt sur la couture. « Prière de ne pas toucher à la vaisselle de l’auberge ». Je t’en foutrais, des auberges et de leurs pots de chambre…

Oscar savait bien, elle, ce qui n’allait pas. Ce qui se tordait tout au fond de son ventre à la tenir éveillée probablement pour le restant de ses jours. L’Autre, dormant là-bas, lui, y avait distillé son poison. Et depuis la veille cela s’insinuait par méandres lourds jusqu’à sa conscience, entravait ses mouvements nocturnes, comme maintenant. Sisyphe poussant son rocher entre la chaise et la commode sur le parquet disjoint, voilà ce qu’elle était devenue ! Bon Dieu ! Les contraintes, c’est ELLE qui les fomentait. Elle qui commandait. Qui triomphait, d’elle-même le plus souvent, d’ailleurs. Petites victoires invisibles. Pas dérisoires, elles constituaient sa mâle assurance. Que ferait un homme, maintenant ?
Un homme ? Un homme, voyons…Il cherche de la poudre, des mèches ; orchestre un soulèvement ; défie, rugit, et mord.
Et ne discute plus : il explose le rocher et ricane face aux dieux.

Oscar fonça d’un pas large dans le couloir silencieux, ne frappa aucunement et entra en trombe ; pila net, forcément.
On ne dormait pas plus qu’elle.

Le rocher, pour tout dire, lui tournait le dos et écrivait sereinement. A une auguste pintade, évidemment !  Oscar renifla de manière méprisante. Foutre, eh bien tant mieux ! La poudre à canon, elle en était gonflée jusqu’à la gueule et brûlait d’en ravager ce tableau vibrant de clair-obscur par la vertu du feu de cheminée.

- Monsieur, vous allez immédiatement repartir pour Paris ! C’est un ordre !

Elle regretta ce dernier mot exactement au moment où elle le prononça, crispa la mâchoire mais il était trop tard. Le mâle était défait. Elle, bien sûr. L’heure indue et le lieu amortissaient méchamment les tentatives de mutinerie, son assaut eut tout le fracassant d’un jet de graviers dans une main d’enfant.
Cela sonnait faux, elle s’énerva.

- Oser me parler de la sorte, hier ! Oser me lancer un pari dont la stupidité n’a d’égal que votre prétention ! Tudieu, Lieutenant, vous allez ravaler vos conseils, faire votre paquetage en un mot, ficeler tout ça, oublier toute la mascarade que vous prétendiez imposer et déguerpir sur le champ !

C’était mieux. Mais vraiment trop tard, hélas.
Elle avait perdu, dès que son pied eût pénétré le terrain ennemi. Elle le savait.
Girodel se tourna à moitié, le sourcil à moitié relevé. A moitié étonné. L’envie de lui rentrer entièrement dans le lard la posséda sauvagement. Mais, la discipline, hein. Ça vous forge les nerfs autant que les poings, et puis cela aurait été pire de tout casser, question défaite.
Aveu de faiblesse.
Elle toisa toutes ses moitiés.

- Me regarderez-vous toujours aussi stupidement, Girodel ?

Il se leva enfin. Les boutons de sa chemise avaient aussi leur lot de non-fini, ils étaient défaits à mi-chemin : Oscar trouva cela extraordinairement débraillé, que ce poitrail offert aux lueurs incertaines. Et puis assez, ce qui l’agaçait par-dessus tout était son calme décidément diabolique. Non pas qu’il soit atone, cet homme, chose qui lui aurait davantage convenu à elle.
Vraiment, il était comme retranché dans quelque lieu inconnu dont la seule brèche était la clarté de ses yeux ; par moment leur acuité devenait presque oppressante. C’était vrai qu’il paraissait détenir un pouvoir implacable et discret, dérangeant. Son père avait raison, après tout.
Girodel savait.
Il détenait quelque chose qu’elle-même ne réussirait jamais à conquérir malgré les années d’efforts névrotiques. Bon sang ! Rien que de se lever ainsi et cela s’imposait. La masse confuse d’une domination sans nom écrasait Oscar, et que cela fut normal, assumé, parfaitement naturel chez ce bougre la faisait voir rouge. « Ordre »…foutre Dieu elle avait brandit un hochet ! Elle ne se sentait pas bien du tout, dans cette pièce. Pas bien non plus dans sa vie, pas dans son rôle, ni dans le ton. Se battre, alors, comme à l’habitude. Sauf qu’elle n’en eut pas le temps.

- Auriez-vous une rage de dents ?

La riposte parut tellement incongrue qu’Oscar resta bouche bée, stoppée dans son élan et furieuse, surtout, que sa surprise passât pour un recul.

- Quoi ?!
- Je vous vois débarquer dans ma chambre, à deux heures du matin, vociférant et trempé de sueur…Le potage ne passe pas ?
- Mais…mais…que me parlez-vous du potage !!
- Je ne sais pas, je m’inquiète. Je m’informe. Peut-être l’omelette…elle n’était pas fraiche ? Les œufs sont traîtres parfois.
- Ne bravez pas ma patience !
- Certes. Je sens déjà poindre la menace du duel. Donc, rassemblons nos esprits : vous n’aimez pas l’idée d’embrasser une des plus jolies dames de la Cour ? ou bien vous avez une indigestion. Ou me casser la figure…Je suis votre aide de camp, je peux vous aider à établir les priorités…

Evidemment, c’était de bonne guerre. Elle était ridicule. Et puis…et puis non, tiens, c’était lui ; assez de tout prendre sur ses épaules. Il avait commencé, il allait payer.
Oscar vint plus près, refroidie.

- Vous avez tort d’adopter ce ton sarcastique. Je n’aime pas ce qui va se passer, ces prochains jours. Je ne vais pas embrasser cette pimbêche, non. Ni entrer dans votre jeu de rôle pathétique. Encore moins prouver quoi que ce soit sur le sujet pitoyable du charme. Je n’ai pas besoin de cela, moi. On dit la Grande Catherine intelligente ? Cela me suffit. Vous pensiez que j’ai peur des femmes, foutaises, c’est votre vision de la séduction qui est archaïque mon pauvre Girodel !

Très satisfaite d’elle-même la jeune fille vit son Lieutenant se laisser choir sur la chaise, accablé. Et voilà, pas si difficile de lui damer le pion à ce rustre !

- C’est encore plus grave que je ne pensais…laissa t-il échapper, secouant la tête.

La colère refit aussitôt surface.

- Je ne vous permets pas !
- …une catastrophe.
- Tudieu, Girodel, fermez-la ou…
- Ecoutez, Oscar, il faut que nous parlions sérieusement.

Le ton grave, le prénom…la spirale orageuse tomba d’un coup. Pas l’envie de le pulvériser, ah ça non ! Mais…une curiosité ? Peut-être, ou bien le fait que la jeune fille n’aimait pas s’enliser à l’infini dans ses démons. Elle le connaissait bien, son damné tempérament ; ce besoin de détruire quiconque ne validant pas immédiatement le mensonge qui sans cesse la taraudait. Elle en souffrait. Et qui souffre, écorche. Le front bas elle le fusilla du regard mais se tut, en attente.

- Vous êtes l’incarnation du charme, c’est entendu, reprit Girodel. Toutefois, il est deux heures du matin. Et à cette heure, comment dire… votre charme peut paraître...expérimental. Pour celles qui adorent se faire insulter, mépriser, bousculer verbalement de leur piédestal, je ne dis pas, vous êtes le meilleur. Cependant, puis-je me permettre de vous dire que ces femmes-là sont rares dans l’aristocratie. Je ne connais pas les Russes mais je doute qu’elles apprécient davantage le traitement. Je n’ai pas été très habile, c’est vrai, à me moquer de vos…qualités, ne croyez-vous pas qu’il serait temps de vous y prendre autrement ?
- Et que suggérez vous ! aboya t-elle. Je vous préviens, si vous me reparlez d’aller jouer la sérénade à l’autre…
- Bon, bon, le sujet est clos ! Laissons Mademoiselle Bertin de côté. L’idée était stupide. Mieux vaut y aller calmement, de toute façon. Pourquoi…
Girodel se leva, comme mû par quelque inspiration.

- Oui… pourquoi ne commenceriez-vous pas...par sourire, tout simplement ? jeta-il soudain, rayonnant.
- Pardon ?!!
- Vous voyez ? A la moindre parole vous sortez ton un attirail digne de l’Inquisition ! Je ne vous demande pas la lune, si ? De sourire de temps en temps à vos interlocutrices, cela ferait déjà beaucoup…
- Je suis un militaire, Girodel ! Que vais-je aller sourire aux corneilles comme un benêt ! Que vous soyez fou ne m’étonne guère mais j…

Il partit dans un grand éclat de rire.

- Mais vous êtes extraordinaire, ma parole ! Donc pour vous « militaire » équivaut à tirer une face de carême en toutes circonstances ? Cela vous rend plus habile aux armes ? Vous avez une vue plus large de la stratégie ? Foncer bride abattu dans la morosité, et hop, on devient un grand homme ! Un peu simpliste, non. Un sourire Oscar, allons…

Elle se dressa avec aigreur. Justement parce qu’il n’avait pas tout à fait tort, au fond.

- Ne prenez pas ce ton familier. Je…je vais y réfléchir. Sur ce, bonne nuit !

Lamentable expédition. Elle ne savait toujours pas ce qui lui avait pris, de vouloir faire le coup de poing en pleine nuit dans ce couloir d’auberge. Au diable, cet Autre ! Avec ses sourires ! Quel métayer ! Aucune classe.
La mauvaise foi guérit de tout, et cette fois elle s’endormit très vite.
Pas plus de quatre heures, le coq sut parfaitement lui en faire souvenir.
Elle s’inonda le visage, et, dégoulinante, s’examina d’un œil contrarié.
Chose inhabituelle.
Nouveauté.
Surprise.
Elle n’était qu’un front.

Barré, sombre, bas, toute une batterie d’épithète peu flatteurs. Ce qui n’était pas pour la déranger, loi de là ; et même assez fière d’avoir l’air…d’avoir l’air de quoi, au fait ? Judicieuse question. Dangereuse question. Cela risquait de déraper, cet examen morphologique.
Oscar plissa le nez et se regarda de plus près.
Elle avait l’air d’une imbécile.

Renfrognée, hirsute, et vraiment, vraiment le front très bas. L’impression d’avoir une botte de foin en guise d’étendard sur la tête.
Elle se dressa, le dos raide. Foudroya son reflet dans cette glace mal fixée; et lentement, lentement, redressa une lèvre. L’étira un peu. L’étira d’un coup, et ce fut pire. Un molosse ! Bonté divine, le rustre aurait donc raison ? Ah, mais jamais, ça non. C’était à cause de la bougie hésitante. Il faisait encore nuit, on ne voyait rien dans ce trou à rat. Elle étouffait.

S’harnachant bien vite dans son uniforme, Oscar rassembla le peu d’affaires qu’elle avait là et soupira de contrariété face à la journée qui se profilait. Un sourire, quelle bêtise !

L’auberge s’éveillait, bien plus qu’elle ne l’aurait supposé. Leurs cochers préparaient déjà les voitures mais André était encore invisible. Ainsi que la Bertin, mais cela n’étonna guère la jeune fille. Sans être foncièrement une voyageuse désagréable, la modiste avait une notion bien personnelle du confort.
La veille au soir, elle avait mis le personnel de l’endroit dans un état de nerfs invraisemblable pour une assiette de viande mal cuite. Puis ce fut le nombre de linges de toilette. Les gens d’ici ne savaient même pas à quoi cela servait. Quand on comprit enfin qu’il s’agissait de draps pour prendre un bain, la tenancière et trois servantes avaient fondue en larmes, l’aubergiste s’était arraché quelques poignées de cheveux, et le garçon d’écurie un tour de rein à cause du surplus de bois qu’il fallut couper pour une eau chaude décente.
Et dire qu’on ne pouvait pas assommer cette chose à la première occasion ! Etre “aimââble”, pfff…

A cet instant Oscar faillit bien tourner les talons : l’Autre était déjà attablé dans la salle commune et se bâfrait de pâtés en croûte agrémenté d’un gigantesque pain de campagne. Dès six heures du matin. D’où sortait-il cet appétit ? De ce qu’elle jugeait il était mince, comme André, en un peu plus étoffé. André aussi mangeait comme un goret cependant, se souvint elle avec mépris. Décidément.
Foutue journée.

- Mmmh ? Ochcar ? Venez, ch’est délichieux !

La jeune fille nota avec agacement qu’il affichait une mine et une humeur splendides, qu’il n’avait pas le front bas, lui. Pas plus que de tignasse. Tout cela était soigné mais sans apprêt particulier, naturel. Chevelu, certes, comme André. Les manières simples et franches, comme André. Elle se rendit compte qu’à part son ami d’enfance et son père, elle n’avait pas beaucoup de point de comparaison. Une migraine commença à se faire jour.

- Bien dormi ?
- Comme un charme…grogna Oscar de sa voix la plus désagréable.
- Tenez, prenez une tartine de pâté. Je ne sais pas comment l’hôtelier s’y prend mais c’est tout bonnement fameux.
-  Mmh…mieux vaut ne pas savoir à mon avis, huma t-elle avec suspicion.
- Rhooo mais bon sang, Oscar, un peu d’esprit positif ! Vous n’êtes jamais fatigué d’être toujours grognon ?
- Mon petit Girodel, n’empruntez pas ce sujet glissant : je sens que mon capital de courtoisie n’est pas illimité aujourd’hui.
- Et susceptible, évidemment. Allez, mangez ça.

Cette proximité, la familiarité qui en découlait surtout, déplut à Oscar de manière quasi physique. Déplaisir pas désagréable, là était le paradoxe. L’auberge sentait un peu la canaille, en plus du pâté, mais à cette heure encore suspendue il y avait aussi un parfum d’aventure mêlé au fumet des braises ; le pouvoir des décisions qu’octroie la jeunesse, la conquête d’horizons incertains....cette aube anonyme sentait bon, il n’y avait pas à y faire ; parce qu’il y en aurait une autre, demain, différente, foutue ou carrément sublime. Même le repas improvisé un tantinet écoeurant étalé sous ses yeux, contenait toute la vigueur des possibles.
Elle regimbait, elle y mettait le temps, mais au fond elle adorait.

- Ah, enfin ! Vous reprenez des couleurs on dirait. Pourquoi ne pas admettre avoir faim, voilà qui me navre.
- Je n’ai pas pour habitude d’ingurgiter cette...vous ne connaissez pas Grand-Mère, vous !
- Qui ?
- Grand-Mère ! La grand-mère d'André Grandier. Ses petits déjeuners sont autrement plus raffinés.
- Certes...mais ce pâté est à se damner, non ?

Oscar n’était pas contre qu’il aille faire un tour du côté des enfers, la bouche pleine elle s’abstint de tout commentaire. C’était vrai. Une nouvelle fois, il n’avait pas tort. Diablement bonne, cette tartine. Elle en prit une autre, puis une troisième, ça n’allait pas la tuer. Plus une pinte de lait de vache qui sentait l’étable. Loin, très loin des chocolats chauds, mais bon sang c’était férocement délicieux. Plus de migraine après ça, juste une très agréable et malvenue envie de dormir. L’assommoir, gigantesque, à vous rendre la nuque plus lourde qu’une enclume.

- Alors ? Qu’avez-vous décidé ?
- Mhh...pardon ?
- Notre discussion d’hier, enfin, de tout à l’heure...
- Que...quoi...
- Le charme de votre sommeil a été relatif à ce que je vois, murmura Girodel dans un sourire qu’Oscar ignora superbement, tant la somnolence gagnait du terrain. Votre humeur, vos manières...vous déciderez-vous à être plus agréable, aujourd’hui, avec Mademoiselle Bertin ?
- Hein ? Ber...mais oui, d’accord, d’accord.
- Mon dieu, je n’en crois pas mes oreilles ! rit-il franchement. Je devrais emporter de ce pâté miraculeux pour les jours prochains.
- Mhh...sans doute, sans doute.
- Et la femme de l’aubergiste, pour une partie de jambe en l’air.
- Très bien, très bien.
- Oscar ?
- Hein...
Vous devriez remonter dans votre chambre et dormir encore un peu. Vous n’avez pas l’air...très opérationnel. Après tout, nous pouvons partir deux heures plus tard.
- Quoi ?! Mais non ! je...

La sollicitude agit comme un fouet sur l’inconscient de la jeune militaire, se laisser aller était tout bonnement monstrueux. Son père ne tarderait pas, que dirait-il en voyant son fils avachi parmi les reliefs de charcuterie ? Et puis cela venait de cet Autre, on irait-on si lui, enfin elle, Capitaine de Jarjayes, obéissait aux affables conseils des inférieurs ?

- Je vais très bien, grommela t-elle en se levant. Tâchez de faire activer le mouvement, j’aimerais que nous partions d’ici dans une heure.

Girodel observa la mince silhouette franchir la salle, soupira pour lui-même: “dommage, vous aviez l’air presque humain durant un instant...”.


Une heure, voeu pieux !
Ce fut presque deux qu’il fallut à Mademoiselle Bertin pour se “préparer comme une femme de sa qualité”, monter dans la voiture en compagnie du Comte de Girodel et d’Oscar. Cette dernière ne comprit pas : son père avait fait route avec la modiste, hier, et subitement il intégrait la deuxième voiture avec André et une partie des malles.
La jeune fille devait en découvrir bien vite la raison.
Rose Bertin était doté d’un caractère s’extasiant d’à peu près tout : les vaches dans les prés, un arbre mort, un étang pris dans les brumes et vous étiez gratifiés de petits piaillements censés rendre l’émouvant de la contemplation. Et sitôt le piaillement, un chapelet de mots, des mots, toujours des mots, des mots faciles, des mots fragiles.
C’était trop beau.
Oui bien trop beau que l’ambiance reste sereine, qu’Oscar puisse rester sa...

- Mademoiselle Bertin, votre robe vous va à ravir !

Monsieur de Girodel venait de faire diversion coupant la parole à la demoiselle, quand il avait surpris une sorte d’élan de la part de son Capitaine: mains en avant mimant un étau, son supérieur allait faire autre chose qu’être aimable.

- La couleur, une vraie réussite ! N’est-ce pas, Capitaine de Jarjayes ?

Le beau Lieutenant jeta un regard impérieux, discret, péremptoire. Bon sang, maintenant !

Ô temps, suspend ton vol...
Oscar mâchonna sa rage, foudroya l’Autre comme elle put, prise au piège. Bertin s’était épanouie comme la fleur de son prénom, attendait on ne savait quoi...puis piailla d’effroi en sursautant violemment de son siège.
Oscar de Jarjayes venait de lui sourire pour la première fois.

 

 

 

5.

 

 

 

 

 

 

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